Pourquoi vider un ballon d’eau chaude, et pourquoi le faire correctement ?
Avant de sortir la clé à molette, il faut comprendre pourquoi on ne vide pas un ballon d’eau chaude “à l’arrache”. Un cumulus plein, c’est :
- entre 100 et 300 litres d’eau à gérer, parfois brûlante,
- un appareil lourd comme un âne mort si vous devez le démonter,
- un joli potentiel d’inondation si c’est mal anticipé.
On vide un ballon avant :
- un remplacement complet (cumulus percé, trop vieux, sous-dimensionné),
- une grosse opération d’entretien (détartrage, changement de résistance, anode, groupe de sécurité),
- un déplacement ou démontage (réaménagement, travaux).
L’objectif : évacuer l’eau en sécurité, sans vous brûler, sans noyer la buanderie, et sans abîmer l’installation. C’est ce qu’on va voir pas à pas, comme si on bricolait ensemble dans le garage.
Matériel à prévoir avant d’attaquer
Une vidange de ballon bien préparée, c’est 80 % du boulot de fait. Voici ce qu’il vous faut sous la main :
- Un tuyau d’arrosage (longueur suffisante pour atteindre un évier, un regard, un caniveau ou l’extérieur)
- Une bassine ou un seau (au cas où ça goutte là où il ne faut pas)
- Des gants (pour l’eau chaude et pour manipuler les pièces)
- Un tournevis plat (pour actionner certains petits leviers ou vis de purge)
- Une clé plate ou clé à molette (si besoin de déconnecter des flexibles)
- Une serpillière / quelques chiffons (on ne gagne pas toujours contre la gravité…)
- Une lampe frontale (si le ballon est dans un coin sombre, cave, grenier…)
Et surtout : un peu de patience. Un 200 L ne se vide pas en 3 minutes, surtout si l’installation n’est pas idéale.
Étape essentielle : couper l’alimentation électrique
Avant de toucher à quoi que ce soit, on commence par le nerf de la guerre : l’électricité.
- Repérez le disjoncteur du ballon d’eau chaude au tableau électrique. Il est souvent étiqueté “chauffe-eau”, “cumulus” ou “ballon ECS”.
- Coupez-le en positionnant le disjoncteur sur “off”.
- Si vous avez un contacteur jour/nuit, mettez-le sur “0” ou “arrêt”.
Pourquoi c’est capital ? Parce que faire tourner une résistance électrique à sec (sans eau) ou manipuler un appareil encore alimenté, c’est la meilleure recette pour griller une résistance ou, pire, vous électrocuter.
Couper l’arrivée d’eau froide
Deuxième réflexe : on isole le ballon du réseau d’eau. Pour ça, on agit sur l’arrivée d’eau froide.
En général, sur le tuyau d’arrivée d’eau froide (en bas du ballon) vous avez :
- un groupe de sécurité (une pièce en laiton avec un petit levier et parfois une molette),
- et/ou un robinet d’arrêt juste avant.
Faites ceci :
- Fermez le robinet d’arrêt de l’arrivée d’eau froide (tournez dans le sens des aiguilles d’une montre).
- Si vous n’avez pas de robinet d’arrêt local, fermez l’arrivée générale d’eau du logement.
L’idée, c’est d’empêcher l’eau de continuer à remplir le ballon pendant que vous essayez de le vider. Sinon, c’est comme essayer de vider une baignoire sans fermer le robinet…
Comprendre le groupe de sécurité : votre meilleur allié
Le groupe de sécurité, c’est ce “gros truc en laiton” placé sur l’arrivée d’eau froide du ballon. Il sert à :
- sécuriser la pression,
- permettre la vidange (entre autres).
Il est équipé :
- d’un petit levier (pour actionner la soupape),
- et parfois d’un capuchon ou molette plastique qui sert justement à la vidange.
C’est par là qu’on va faire sortir l’eau… ou en tout cas, c’est par là qu’on va commencer.
Préparer l’évacuation de l’eau : où va-t-elle finir ?
Avant d’ouvrir quoi que ce soit, posez-vous une question simple : où va partir l’eau ?
Options classiques :
- un évacuation existante (siphon de machine à laver, évier, caniveau, regard extérieur),
- le jardin (si vous pouvez passer un tuyau jusque dehors),
- une grande poubelle propre ou des seaux, si vous voulez réutiliser l’eau (arrosage, nettoyage).
Fixez ensuite un tuyau d’arrosage sur la sortie prévue pour la vidange, généralement :
- sur la sortie du groupe de sécurité (là où il goutte parfois pendant la chauffe),
- ou sur un raccord prévu en bas du ballon (selon les modèles).
Veillez à ce que l’extrémité du tuyau soit plus basse que le ballon pour que la gravité travaille pour vous.
Dépressuriser le circuit : indispensable avant de vider
Avant d’ouvrir en grand le groupe de sécurité, il faut enlever la pression dans le circuit, sinon vous risquez :
- un bon jet d’eau chaude dans la figure,
- des à-coups, du bruit, et une vidange difficile à maîtriser.
Faites ceci :
- Ouvrez un robinet d’eau chaude (lavabo, évier ou baignoire) dans la maison.
- Laissez-le ouvert pendant toute la durée de la vidange.
Ce robinet va servir de prise d’air et permettra à l’eau de s’écouler plus facilement du ballon. Vous verrez, au bout d’un moment, le robinet arrêtera de couler : c’est normal, c’est que le ballon se vide.
Ouvrir le groupe de sécurité pour lancer la vidange
Maintenant que tout est prêt, on peut ouvrir la purge. Là, il existe deux cas de figure, selon votre modèle :
- Avec molette de vidange :
- Repérez la petite molette ou vis sur le côté du groupe de sécurité.
- Mettez votre bassine sous le groupe (au cas où le tuyau ne soit pas parfaitement étanche).
- Tournez lentement la molette selon le sens indiqué (souvent anti-horaire) pour ouvrir la purge.
- Avec simple levier :
- Le levier sert surtout à faire couler un peu d’eau, mais certains groupes permettent la vidange complète.
- Relevez le levier en continu, ou bloquez-le en position ouverte si c’est possible.
Normalement, l’eau commence à s’écouler par le tuyau d’arrosage que vous avez branché. Au début, elle peut être encore très chaude, surtout si le ballon venait de fonctionner. C’est là que les gants et la prudence sont vos amis.
Faciliter l’écoulement : gérer l’air qui entre et l’eau qui sort
Si le ballon se vide lentement, par à-coups, ou semble “glouglouter” sans vraiment se vider, c’est souvent un problème d’air :
- Vérifiez que le robinet d’eau chaude est bien ouvert à fond dans la maison.
- Si vous avez plusieurs points d’eau chaude, vous pouvez ouvrir un deuxième robinet pour laisser entrer encore plus d’air.
- Vérifiez que le tuyau de vidange n’est pas plié ou pincé.
Plus le ballon est grand, plus ça prend du temps. Pour un 200 L, prévoyez facilement 30 à 60 minutes selon la configuration. On en profite pour ranger un peu l’atelier, mais on ne s’éloigne pas trop : un tuyau qui saute, ça arrive.
Que faire si le ballon ne se vide pas correctement ?
Parfois, malgré tout, l’eau refuse de partir comme prévu. Quelques pistes :
- Détartrage interne nécessaire : sur des installations très entartrées, le groupe ou l’arrivée basse peuvent être partiellement bouchés par le calcaire. Le débit sera faible, voire quasi nul.
- Prise d’air insuffisante : assurez-vous qu’au moins un robinet d’eau chaude est ouvert au maximum.
- Tuyau de vidange bouché ou mal placé : testez l’écoulement sans le tuyau (avec une bassine en dessous) pour vérifier si le problème vient du tuyau.
En cas de blocage complet, il peut être nécessaire de :
- déconnecter le flexible d’eau chaude en haut du ballon (après avoir bien coupé l’eau et l’électricité),
- ou ouvrir la trappe de visite (si vous devez de toute façon démonter la résistance) pour finir de le vider en contrôlant le flux avec une bassine et un tuyau.
Ce sont des manœuvres un peu plus techniques : si vous ne le sentez pas, un coup de fil à un plombier peut vous éviter bien des jurons et un sol trempé.
Gérer la température de l’eau vidangée
Vider un ballon plein d’eau à 60 °C, ce n’est pas la même histoire qu’un ballon coupé la veille. Idéalement, si vous avez le temps :
- Coupez l’alimentation électrique la veille,
- et laissez les occupants de la maison consommer l’eau chaude comme d’habitude.
Le lendemain, le ballon sera partiellement vidé, et l’eau restante sera beaucoup moins chaude, donc moins risquée à manipuler.
Si vous êtes pressé :
- Prévoyez bien gants, manches longues et attention en manipulant le tuyau,
- évitez de laisser les enfants ou les animaux traîner autour de la zone de vidange.
Vider un ballon mural : gérer le poids avant démontage
Un ballon mural de 150 ou 200 L plein, c’est un vrai boulet au mur. Avant de le décrocher, il faut le vider au maximum.
Procédez comme vu plus haut, puis :
- Quand il ne sort plus d’eau par le tuyau, secouez légèrement le ballon (si c’est possible sans danger) pour faire sortir les derniers litres.
- Vous pouvez aussi débrancher le flexible d’eau chaude en haut pour laisser entrer encore de l’air et aider à finir de vider.
Une fois seulement qu’il est presque vide :
- Débranchez l’alimentation électrique au niveau du bornier (en plus du disjoncteur coupé),
- démontez les fixations murales à deux personnes minimum.
À vide, un ballon reste encombrant, mais il est bien plus gérable. À plein, c’est un coup à finir au sol avec le cumulus sur les genoux.
Vider un ballon vertical au sol : attention à l’évacuation
Les ballons posés au sol sont plus simples à manipuler, mais ils ont souvent une particularité : ils sont installés dans des endroits peu pratiques (garage, cave, cellier).
Points à surveiller :
- Prévoir un tuyau assez long pour atteindre une évacuation ou l’extérieur.
- Vérifier la différence de niveau : si l’évacuation est plus haute que la base du ballon, ça va compliquer le travail. Dans ce cas, il faudra peut-être :
- vider en plusieurs fois avec des seaux,
- ou utiliser une petite pompe vide-cave si vous en avez une sous la main.
Et l’entretien dans tout ça ? Profitez-en pour faire d’une pierre deux coups
Si vous videz le ballon pour un entretien complet, autant optimiser :
- Détartrage : une fois le ballon vide, ouvrez la trappe de visite, retirez la résistance et l’anode, grattez doucement le calcaire, et nettoyez la cuve (sans produits agressifs).
- Vérification de l’anode : si elle est presque mangée, on la remplace. C’est elle qui protège la cuve contre la corrosion.
- Contrôle du groupe de sécurité : s’il fuit en permanence ou est très dur à manœuvrer, un remplacement est souvent une bonne idée.
Vider le ballon est souvent l’étape la plus “pénible”. Autant en profiter pour le remettre d’aplomb pour plusieurs années.
Remplir à nouveau le ballon après intervention
Une fois le remplacement ou l’entretien terminé, il ne suffit pas de rallumer et d’attendre que ça chauffe. L’ordre des opérations est important :
- Vérifiez tous les raccords : flexibles bien serrés, trappe de visite refermée, joints neufs si nécessaires.
- Fermez la vis ou la molette de vidange du groupe de sécurité.
- Fermez tous les robinets d’eau chaude dans la maison.
- Rouvrez l’arrivée d’eau froide (robinet avant le groupe de sécurité, ou arrivée générale).
- Ouvrez ensuite un robinet d’eau chaude (lavabo ou baignoire) et laissez couler.
Au début, ça va crachoter, prendre de l’air, puis l’eau va couler régulièrement. C’est le signe que le ballon se remplit correctement.
Important : n’allumez l’électricité qu’une fois le ballon complètement plein. Tant que vous avez de l’air qui sort au robinet d’eau chaude, attendez. Une résistance électrique qui chauffe sans être immergée, c’est la garantie de la voir rendre l’âme prématurément.
Quelques erreurs classiques à éviter
Pour finir en beauté, un petit tour des bourdes les plus fréquentes :
- Oublier de couper le courant avant d’intervenir.
- Ne pas prévoir l’évacuation et se retrouver avec 200 L d’eau sur le carrelage.
- Manipuler un ballon encore plein (surtout au mur).
- Redémarrer la chauffe avant remplissage complet de la cuve.
- Forcer sur un groupe de sécurité bloqué avec un outil : si ça ne vient pas, mieux vaut le remplacer.
Un dernier mot pour bricoler sereinement
Vider un ballon d’eau chaude, ce n’est pas sorcier, mais ça reste une opération où on jongle avec :
- de l’eau chaude,
- du volume,
- et parfois une installation vieillissante.
Avec un peu de méthode, un tuyau d’arrosage, quelques outils et la bonne séquence (couper le courant, fermer l’eau, préparer l’évacuation, ouvrir le groupe de sécurité, laisser entrer l’air), on évite 90 % des galères.
Et si en cours de route vous sentez que ça dépasse votre zone de confort – ballon coincé, groupe de sécurité soudé de calcaire, installation douteuse – rien n’empêche d’appeler un pro pour le coup de main final. Mieux vaut partager la bière après les travaux que écoper à quatre pattes dans la buanderie.


